Lorgues

 

 Un demi-siècle passa. Le 15 janvier 1156, a. st., Raimond-Bérenger II confirma à l'ordre du Temple la possession d'un important tertitoire, aux quartiers de Ruou(193) Salgues et Salguette(194). Ces terres étaient situées aux confins de Tourtour, Salernes, Villecroze, Entrecasteaux, Lorgues et Flayosc ; elles étaient aussi aux confins des seigneuries des Castellane, des Ponteves, des Châteaurenard et des seigneurs de Flayosc qui en furent les donateurs (195).

Avant de pouvoir s'installer a Ruou, les Templiers residèrent d'abord à Lorgues où ils bénéficièrent de nombreuses et important donations qui en firent les principaux seigneurs directs. En 1193, R. et G. Roubion cédèrent aux Templiers, contre 4 000 sous, leurs droits dans le castellum de Lorgues (196). En 1197/98, Pons de Châteaurenard céda aux Templiers plusieurs maisons et, en mars 1203, n. st. , engagea auprès d'eux le huitième du château de Lorgues. Il leur abandonnera en 1206, consommant la ruine de la famille de Châteaurenard (197).

 Le dominium (L) de Lorgues appartenait aux comtes de Provence, lorsqu'en 1209 Alphonse II, sur son lit de mort, à Montréale près de Palerme en Sicile, légua les biens et les droits qu'il avait dans sa villa de Lorgues à 1 'abbaye du Thoronet (198). Par cette donation que confirma, sous l'appellation de castrum, son fils, Raimond-Bérenger V, le15 avril1222 (199), l'abbaye devint seigneur éminent de Lorgues.

Cette soumission de voisinage qui se substituait à une tutelle comtale lointaine fut et demeurera mal acceptée par la cité. Elle fut la source de nombreux et longs procés. En 1276, par suite "du trouble que le commandeur du Temple de Ruou donnait pour partie de la juridiction de Lorgues", l'abbé du Thoronet fut déclaré par Charles II seigneur de tout Lorgues avec juridiction sur la bastide de Miramas et Sainte-Maxime (200). Quelques années plus tard, en 1292, l'abbaye obtint de la famille Aigulheris la promesse du legs de ses parts de leur seigneurie directe de Lorgues.

La situation de la cité restait confuse car aucun protocole n'avait déterminé la répartition des droits entre la cour comtale et l'abbaye du Thoronet. Une transaction fut signée a A ix, en 1304 (201). La cité obtint la promesse que son territoire appartiendrait toujours au domaine comtal et que la cour se réserverait la haute justice (202) et les régales(L). La juridiction et les droits sur la cité furent partagés sur la base d'un tiers pour le comte et de deux tiers pour l'abbaye. La ville reçut l'autorisation d'établir une foire et des marchés et l'abbaye se vit confirmer son droit d'utiliser l'eau pour ses troupeaux et l'irrigation de ses prés et de ses jardins, ainsi que l'entière perception du treizain (L) et l'exclusivite des banalités(L).

(196) AdBR 56 H 5282. / (197) AdBR 56 H 5282. / (198) AcP n° 66./ (199) AcP n° 58. / (200) Abbé Bérard, op. cit. p. 6./ (201) AmL, CC 22. / (202) Merum imperium (L)

(L) Lexique


 

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